Une partie comme une autre

Barulf et Thorn avançaient sur une longue route, les deux jeunes Nains s'étaient enfin décidés à quitter Dymrak pour vendre les bijoux fabriqués par Thorn. Son frère, Barulf, avait accepté de l'accompagner pour l'assister et surtout le protéger. Les nains se dirigeaient vers Faboldir une cité Humaine à proximité de la forêt de Bren qu'il allait falloir traverser. Cette forêt était réputée dangereuse mais la contourner prenait plusieurs jours. A l'approche de la forêt, le cheval devint nerveux. Thorn arma son arbalète. La charrette s'engagea dans le bois. Après quelques heures, ils arrivèrent à un croisement.
"-Cet endroit m'a l'air parfait pour une embuscade" dit Barulf
Une flèche siffla au dessus de sa tête.
"-Des gobelins !" cria Thorn
Un groupe d'une dizaine de tribaux mineurs sortait des bois pour les assaillir. Thorn abattit un archer à l'aide de son arbalète, mais les gobelins étaient déjà là. Barulf se retourna, le cheval venait d'être abattu par un orque. Il sortit sa hache et son bouclier, traça une rune flamboyante sur sa hache et sauta hors de la charrette. Un gobelin l'attaqua sur sa gauche, il para de son bouclier et riposta. Le gobelin tenta de parer avec son épée mais la hache la traversa et s’enfonça dans le sternum du tribal. Thorn poussa un cri, un orque venait de lui entailler le bras. Barulf se retourna précipitamment quand soudain, une flèche vint se planter dans sa jambe droite. Les tribaux allaient prendre le dessus. Barulf repartit à l'assaut, trancha le bras d'un gobelin mais manqua son coup sur le deuxième adversaire qui se présentait à lui. Le gobelin frappa, mais sa lame rebondit sur l'armure du nain. Barulf donna un coup de bouclier et envoya le gobelin se rompre le cou sur la charrette. Une autre flèche fusa et vint se ficher dans le bouclier du guerrier. Un cri retentit, Thorn, au prise avec deux orques venait de sectionner la main d'un de ses adversaires. Son comparse riposta et planta sa lame dans le coup du nain. Le sang jaillit. Barulf ressenti une rage intense se propager en lui. Il se jeta sur ces adversaires. D'un violant coup de hache, il fit sauté la tête de l'orque estropié. Mais le second riposta, sa lame atteignit l'aisselle de Barulf. Le nain sentit son sang, chaud, dégouliné sous son armure. Barulf frappa de taille. L'orque para aisément avec son bouclier et frappa de nouveau touchant le bras gauche du nain et l'obligeant à lâcher son bouclier. Ce dernier traça une nouvelle rune sur sa hache, elle se renforça. Dans un dernier effort il frappa de toutes ces forces sur son adversaire, l'orque para avec son bouclier mais la hache pulvérisa le bouclier et défonça la tête de l'orque. Le dernier gobelin en vie, regarda le corps de son supérieur avant de prendre la fuite en poussant des cris. Barulf s'avachit contre la charrette.

Une main le secoua vivement ;
"-Réveillez vous !"...

_Réveillez-vous ! s'écria le kobold en secouant comme il le pouvait le nain inerte.

Nacrîn ne voulait certainement pas rester immobile dans cette forêt si dangereuse, ses runes d'avertissement lui avaient permis d'échapper à l'embuscade tribale, mais il avait assisté avec inquiétude au combat de ce commerçant nain. Barulf, qui l'avait sauvé d'un troll des cavernes il y avait de cela quelques années, était un nain sympathique (même s'il demeurait un nain malgré tout) et Nacrîn tenait à le secourir malgré l'hostilité tangible de cette fichue végétation !

_Mouarf gnam gnam... émit faiblement le nain. Enfin, il se réveillait !

Qu'est-ce qui ... Hein ? Un kobold ? Ah.. mais je vous connais non ? Ah oui je me souviens Nacrîn c'est ça ?
Le kobold hocha de la tête.
Vous pourriez aller chercher des bandages dans mon sac pour que je bandes ces vilaines plaies ?...

Nacrîn s'exécuta, il revînt vers le nain ensanglanté avec des bandages, mais pendant qu'il l'aidait à se panser il ressentit un bourdonnement dans l'oreille gauche... Une rune avait été activée !

_Quelque chose vient vers nous à grande vitesse... depuis les profondeurs de la forêts. chuchota-t-il au nain. Quelque chose de bipède...

"_Comment savez vous ça? Il est dangereux d'après vous?"
Sans attendre de réponse, le nain attrapa sa hache et chercher son bouclier du regard. Son regard s'arrêta sur le corps de son frère...

"Hmpf hmpf hmpf hmpf... Ils sont par là, je suis sûr de les avoir entendus !"

Courant dans la forêt, Majias s'approchait des bruits combat. La scène qu'il vit alors le déstabilisa et l'emplit de douleur. L'humain mima une croix avec ses bras et dit:

"Nīvu nillisi, nanna sahōdararu !"

Orques et gobelins le regardèrent et baissèrent leurs armes. Le moine portait une grand robe blanche ornée d'une croix reversée marron sur le torse et n'avait pas l'air armé. Les créatures ne semblaient pas vouloir l'attaquer non plus. Il fit quelques pas au milieu des tribaux et demanda:

"Où sont-ils?"

Un gobelin lui lança un regard et pointa un nain du doigt.

"Vous là ! Que faites vous sur le territoire des tribaux ?!"

Raegor s'éveilla. Il s'étira rapidement, puis sorti de la cachette qui lui avait servi d'abri pendant la nuit. Ses pensées était pleines de combats glorieux et désespérés, d'épopées fantastiques et de dettes d'honneur, car aujourd'hui était un grand jour.

Aujourd'hui, il faudrait se battre. Aujourd'hui, il mourrait probablement. Mais aujourd'hui, peut-être, le nom de Raegor serait inscrit pour l'éternité dans les contes et légendes, parmi les combats épiques et sans espoir.

Raegor prit le temps de se préparer. Il lissa ses plumes, ses magnifiques plumes dont il était si fier, d'un brun sombre, avec les pointes noires. Il poussa un cri strident, son cri de guerre, et prit son envol.

Alors qu'il tournait au dessus de la forêt, il entendit soudain un bruit. Ce bruit, il le connaissait bien... des voix. Les voix de ses ennemis. Il descendit prudemment vers la sylve, se posa sur une branche.

Oui, ses ennemis étaient bien là. Et ils n'étaient pas seuls. Mais les ennemis de ses ennemis ne le concernaient pas. Il était ici pour se battre, pour tuer, pour mourir. Et il le ferait. Mais il avait encore le temps. Du haut de sa branche, tranquille, il se prépara à observer la scène qui allait se dérouler sous ses yeux.

Alors qu'il lézardait tranquillement au soleil, il fut dérangé par des bruit, résonnant en contrebas, venant surement de la "grande plaie" qui traversait la forêt. Il s'éveilla en s'ébrouant, faisant tomber de son dos quelques fragments de terre et voleter de la poussière qu'il regarda tourbillonner un instant.
Puis, presque nonchalamment, il prit la direction du bruit qu'il avait entendu. Il était de nature curieuse, à la différence de ses congénères, et de plus.... Il avait faim. Aussi, il se décida à se presser un peu. Il se déplaça durant quelque dizaines de minutes dans la forêt protectrice, avant d'arriver dans les fourrés qui marquaient la limite de son territoire, et le commencement de la "grande plaie" qu'arpentaient parfois les bipèdes.
Il observa la scène durant quelques instants. Il y avait beaucoup de bipèdes, qui faisaient beaucoup de bruit. Il put distinguer trois bipèdes petits et poilu, et un grand bipède qui s'agitait en tout sens. Il était entouré des êtres stupides sentant mauvais qu'il détestait. En effet, en plus d'être particulièrement bruyants à l'heure de la sieste, ils avaient la fâcheuse habitude de venir le déranger, puis de s'enfuir en poussant des cris aigus. Malgré cela, il trouvait qu'ils avaient un bon goût, contrairement à la plupart de ceux de son espèce qui préféraient les autres bipèdes.
Mais apparemment, il avait beaucoup de différent avec ses semblables. Observant encore un instant la scène, il décida de passer à l'attaque, son estomac criant famine le poussait à agir ainsi.
Il bondit des fourrés sur l'une des petites créatures au nez crochu et aux piaillements aigus, en poussant l'un de ses plus formidables rugissements :

"COIN!"

_Vous là ! Que faites vous sur le territoire des tribaux ?!

Le territoire des tribaux ? M'enfin c'est une route !

_Eh bien nous ne faisons que passer et... "COIN!" Un creskannor surgit soudain des fourrés et se jeta sur les gobelins.
Le moinillon en toge blanche commença alors à incanter dans la direction des gobelins et Nacrîn décida de s'occuper de lui. Sa rune d'explosion était prête depuis plusieurs minutes déjà et il lança donc la petite pièce de métal qui lui servait de support dans la direction du mage pro-tribal. L'explosion, guère dangereuse, eut au moins le mérite d'enflammer sa toge et de l'envoyer se rouler dans les buissons.

Pierre-noire* jubilait devant la terreur des êtres au nez crochu. Une juste vengeance, après tout ce qu'ils lui avait fait subir! Et puis, il faut dire qu'entre temps, le creskannor avait beaucoup grandit et gagné en force.
Alors qu'il finissait de tailler en pièce son deuxième Gobelin, Pierre-noire se fit assaillir par un Orque qui décida qu'il était temps de renverser la vapeur. Il lui asséna un formidable coup d'épée... Qui rebondi sans même égratigner la carapace de roc de la créature. Celle-ci, passablement énervé, décida qu'il était temps d'en finir une bonne fois pour toute avec ces bipèdes puants, et se jeta de toute ses forces sur l'Orque en poussant un nouveau "Coin" retentissant.

*je l'appelle ainsi pour des raisons évidentes de facilité narrative, et aussi a cause la couleur foncée de sa carapace.

De toute évidence, les ennemis de Raegor n'étaient pas très appréciés. Un énorme monstre venait de se jeter sur eux. Il était temps de combattre. Raegor déploya ses ailes et bondit.

Un gobelin entendit un cri strident derrière lui, et se retourna. Juste à temps pour que les serres de l'aigle lui déchirent les yeux. Raegor virevoltait parmi ses adversaires, déjà terrifiés par la bête étrange à la carapace sombre, contribuant à la panique.

Raegor n'avait pas la puissance nécessaire pour tuer ses ennemis sur le coup, mais des gobelins aveugles ou estropiés ne survivraient pas très longtemps, surtout ici. Raegor considérait donc chaque blessure infligée comme une victoire personnelle.

La bataille faisait rage devant Barulf. Il soigna son égratinure sous le bras, dessina une rune sur sa hache qui devint rouge grenat... Il allait venger son frère. Il se jeta dans la bataille, et décapita un gobelin privée de ses yeux qui titubait. Il sentit l'effet de la rune se propager en lui. Le combat n'était pas terminé et il allait en profiter...

"ARRÊTEEEEEZ !!!"

Fou de rage, le moine commença à incanter.

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100

8 Trolls des montagnes firent leur apparition et regardèrent leur invocateur. Un d'un entre eux fit un son incompréhensible et les autres acquiescèrent. Le Troll en question dévoila un sourire et fit un saut. Quelques secondes après, les restes du moine à ses pieds, il indiqua une direction et, sans même remarquer le combat qui se déroulait derrière, ils partirent sur le chemin indiqué.

La brève escarmouche terminée, le kobold se gratta la tête et dévisagea l'arachnoïde pierreux :

_Euh... On se connaît, l'ami ?
_Coin !
_Certes, c'était prévisible. Il se retourna vers le nain ensanglanté : Que diriez-vous de déguerpir avant que ces raclures gobelines ne reviennent ?

Sans attendre la réponse de Barulf, Nacrîn ramassa son paquetage, sauta dans la charrette et en agita frénétiquement les rênes dans l'espoir de faire avancer la mule. Cette dernière, stoïque, ne semblait pas s'en émouvoir et mâchouillait tranquillement les rares hautes herbes qui n'avait pas été éclaboussées de sang.

Barulf regarda autour de lui. Des dizaines de corps étaient étendu devant lui. Une nouvelle fois son regard s’arrêtera sur le corps brisé de son frère. Il interpella le kobold qui essayait désespérément de faire avancer la mule.
"Aide moi plutôt à monter le corps de mon frère. Nous partirons après.
Le Kobold s’exécuta, bien que son qu'il ne fut pas d'une très grande aide. Ils arrivèrent finalement a hisser le corps meurtri sur la charrette.
"Allons-y"
Barulf claqua une fois les rênes sur la mule et cette dernière démarra.

Légèrement vexé, Nacrîn regarda le nain en biais et ne pipa mot pendant plusieurs kilomètres. Mais d'un naturel bavard il finit par craquer et se tourna vers Barulf :

Alors, mon cher nain, qu'est-ce qui vous amène dans c...oh et puis merde, on va se tutoyer. Je disais donc : Qu'est-ce que tu foutais sur cette route alors Bertaz Golmo a déclaré la guerre à Fobaldir ? Et ne me raconte pas que c'est à cause de la date de péremption de ta marchandise, je vous connais, vous les nains...

En effet, toute la région était sans dessus dessous depuis la découverte macabre d'une des patrouilles de Fobaldir, trois jours plus tôt. Les gardes étaient tombés sur une œuvre d'art de 4m de haut entièrement composée de fermiers, de leurs femmes, de leurs enfants et bien entendu de longs pieux affutés. Sur le torse de l'une des victimes avait été rédigé au fer brûlant :
Bertaz Golmo est le nouveau maître des clans, et il reprendra la cité des humains.

Ceci dit, avait noté le kobold, il fallait reconnaître que cette déclaration de guerre ne manquait pas de style. Cette guerre s'annonçait haute en couleur mais, toujours d'après Nacrîn, les tribaux ne sortiraient pas de la forêt avant plusieurs jours : il connaissait bien la région et savait que le chef orque allait devoir attendre que les trolls viennent depuis les marais.
Le kobold poussa le nain du coude.

Oh, je t'ai posé une question !

Pierre-noire avait fièrement combattu les puants, qui ne l’embêteraient désormais plus jamais, pour sûr! Alors qu'il écrasait allègrement les restes des créatures honnies, il remarqua que les bipèdes étranges qui avaient combattu à ses côtés s'agitaient. Ils semblaient communiquer grâce à leurs cris intrigants, soutenus par force gestes démonstratifs. Décidément, ils étaient vraiment des créatures intéressantes.
Ils les observa encore quelques instants. Le petit bipède poilu semblait mécontent, alors que l'autre essayait désespérément de faire avancer le brouteur, qui semblait s'en ficher éperdument.
Soudain, le poilu bourru, visiblement excédé, sauta sur l'amas de bois mort, et réussit à faire avancer le brouteur, qui tira sans effort le tas de bois. Bizarre construction que cela! Pierre-noire avait déjà vu des castors construire des barrages plutôt ingénieux, mais jamais rien de semblable.
Il décida, lâchant un "COIN!" sonore, de suivre la chose et les bipèdes, qui semblaient attirer à eux les délicieux puants au nez crochus...

Le kobold avait finalement craqué et commencé à parlé. Barulf lui en était reconnaissant, il ne supportait pas ce silence qui l'oppressait. La seule raison pour laquelle il n'avez pas encore parlé était qu'il ne trouvait simplement rien à dire au petit humanoïde.
"-Mon frère est bijoutier et de là ou nous venons nous ne sommes pas au courant de la guerre que mène ce Bertom Galzo. Nous sommes donc ici sur la route de Fobaldir pour vendre les bijoux que mon frère a confectionnés".

Ah, eh bien maintenant t'es au courant, mon vieux. Pour ma part, et puisque tu me le demandes, j'ai été engagé par la ville pour repérer les positions tribales. Donc là, on rentre à Fobaldir pour faire mon rapport et sauver ton petit cul poilu !

Le kobold se leva sur le banc et mis sa main en visière.

Mouuais, il ne nous reste qu'une petite heure de route avant de sortir de la forêt, mais à l'aller j'avais repéré des orques en embuscade. Donc soit on passe en force, soit on laisse la charrue et on fait un détour par des sentiers où on ne risquera rien. Qu'en penses-tu ?

Nacrîn se doutait de la réponse du nain, mais il espérait tout de même que celui-ci prendrait la deuxième option en considération...

Barulf réfléchis longuement avant de répondre au kobold. Ce dernier avait raison mais le jeune nain ne se sentait pas près à abandonner le corps de son frère. Il pris finalement sa décision et dit :
"-Je veux bien que l'on passe par ces sentiers, mais je veux que l'on enterre mon frère avant. Avec mes runes je peux le faire assez rapidement. Je prend ensuite ce que je peux transporter et nous partirons. Cela te conviens-t-il ?

Les yeux du kobold s'écarquillèrent d'un étonnement non feint :
Ah ? Parfait alors.

Et quelque 50 minutes plus tard :
Arrête cette mule, on va descendre ici et cacher la charrette dans les fourrés. Quant à la mule elle-même... on devrait pouvoir la garder avec nous, à condition qu'elle ne braie pas !

Et Nacrîn de sauter de la charrette, pour tomber sur un sol particulièrement mou.
Baaah ! Mais qu'est-ce que ? On merde, c'est un humain. Enfin, c'était.

En effet, sous un mélange de boue argileuse et de feuilles mortes, un cadavre se décomposait depuis manifestement moins d'une heure.